Un énorme succès pour cette édition 2025 

Les championnats du monde de cyclo-cross UCI 2025 s’achèvent, et le sentiment de réussite est total. Un circuit spectaculaire et sportivement exigeant, des courses acharnées et des vainqueurs indiscutables, et une liesse populaire sans exemple avec 50 000 spectateurs cumulés sur les 3 jours !

Ici à Liévin, les championnats du monde de cyclo-cross UCI 2025 se sont achevés avec la course élite hommes et le septième sacre d’un Mathieu Van der Poel intouchable – on se contentera de regretter le départ en 4ème ligne de son seul challenger crédible, en la personne de Wout Van Aert, qui fit à peu près jeu égal avec lui… mais à une minute de distance. Le combat rêvé n’a donc pas vraiment eu lieu, faute d’un investissement plus franc du champion belge dans sa saison de cyclo-cross, qui lui eût permis aujourd’hui meilleur placement sur la grille. Thibau Nys, 22 ans, prend la 3ème marche du podium, derrière les deux géants.

Sur le plan sportif, les enseignements de ce merveilleux week-end de courses sont on ne peut plus clairs. Les Pays-Bas et la Belgique restent les nations du cyclo-cross par excellence : les titres élite hommes et femmes et le titre espoirs hommes sont donc tous revenus à des Néerlandais. L’élite féminine est absolument survolée par les Hollandaises, qui non seulement trustent le podium mais reproduisent à l’identique le classement de Tabor en 2024 : Fem Van Empel, 22 ans seulement,  décroche son 3ème titre d’affilée, après une bataille acharnée contre son aînée Lucinda Brand, et Puck Pieterse s’adjuge le bronze. La Hongroise Kata Blanka Vas, finalement classée 4ème, aura été la seule à résister à cette archi domination oranje. Quant à Tibor del Grosso, champion du monde espoirs comme l’an passé, il se présente presque comme un second Van der Poel, dont il imite la manière (devant du premier au dernier mètre) et le style impassible. Là aussi, la Belgique place deux hommes sur le podium, Kay De Bruyckere et Jente Michels.

La course espoirs femmes échappe (un peu) à cette domination belgo-néerlandaise. La Britannique Zoé Backstedt se succède à elle-même, au détriment de la Luxembourgeoise Marie Schneider, et de la Néerlandaise (tiens, tiens) Leonie Bentveld. Derrière ces trois-là, en 3ème et 4ème année dans la catégorie, on trouve la jeune Célia Géry, tout juste 19 ans. La Française a raison de se dire satisfaite de « la médaille en chocolat (sic) », elle qui a réalisé un excellent départ et fait jeu égal avec Schreiber pendant les premiers tours.

Car aujourd’hui, la troisième nation du cyclo-cross, c’est bien la France. Non seulement Géry apparaît-elle à tous les observateurs comme une future grande de la discipline mais, outre la médaille de bronze conquise par l’équipe de France à l’occasion du relais mixte, on relève aussi les 6, 7 et 8ème place de Sparfel, Simon, et Bisiaux dans la course U23 et, surtout, les formidables performances des juniors. Samedi matin, pour sa première année dans la catégorie, Lise Revol s’est imposée à la Tchèque Barbora Bukovskà dans les dernières minutes d’une bataille épique, et 24 heures plus tard, Soren Bruyère-Joumard (J1 lui aussi, et déjà vainqueur du classement général de la coupe du monde) remportait la médaille d’argent, s’inclinant finalement après avoir longtemps mené la course, devant l’Italien Mattia Agostinacchio.

Le diagnostic est connu, désormais. Le cyclo-cross français se porte merveilleusement bien en termes d’organisations, de talents, de détection, et donc de résultats internationaux dans les jeunes catégories. S’ils ne confirment pas au niveau élite, ce n’est donc pas faute d’intérêt pour la discipline, mais question d’écosystème. Là où les coureurs belges et néerlandais trouvent à faire carrière et à vivre du cyclo-cross, à travers les circuits de courses tels le Super Prestige et autres X2O Badkamers Trofee ou Exact Cross, les équipes professionnelles françaises n’investissent guère dans le cyclo-cross.

Une chose est sûre, c’est que ces championnats du monde UCI 2025 de Liévin furent un succès total, au plan sportif comme au plan évènementiel. Sur les 3 jours de compétition, pas moins de 50 000 spectateurs se sont pressés sur le circuit du Val Souchez, dont 35 000 sur la seule journée de dimanche ! Énorme. Même si les contingents belges et néerlandais (dans une moindre mesure) représentent une part non négligeable de cette foule, l’évidence s’impose : la France est bien une terre de cyclo-cross.

Deux matins de givre, mais le couvercle bleu du ciel : on mesure la réussite totale d’un évènement à la façon dont s’alignent les planètes et les météores. C’est un temps radieux qui a baigné la fête et la foule sur ces championnats du monde de Liévin. C’est une communion de douze à treize mille spectateurs le samedi, et d’environ trente-cinq mille le dimanche, qui s’est tenue sur le site du Val Souchez. Une marée de bonnets à pompons, de drapeaux, de klaxons et d’exultations.

La première course, celle des juniors femmes, a fait mieux que figure d’ouverture. Ce fut un combat acharné et admirable entre la Tchèque Barbora Bukovskà et la Française Lise Revol, partie sur les chapeaux de roues, puis rattrapée à mi-course par la première nommée. C’est au passage de la ligne au terme du 4ème tour que la Tchèque commit une étrange méprise, levant les bras un tour trop tôt. On peut donc soupçonner un petit manque de lucidité et une mauvaise gestion de son énergie. Lise Revol quant à elle ne se déconcentrait pas et réservait sa dernière cartouche pour passer son adversaire avant l’ultime descente, passage technique où elle se savait la plus à l’aise. Bukovskà baissait la tête, et la Française triomphait.

La course suivante, en tant que le départ en est donné à 13 heures, est la plus piégeuse : c’est sans doute le moment où le dégel du circuit est le plus sensible, dispersant quelques surprises sous les roues des athlètes. Néanmoins, il faut le dire, le déroulement de la course confirma les intuitions qui faisaient de Tibor del Grosso le grandissime favori. Le Néerlandais – parfois surnommé « le petit Van der Poel » par référence à son visage impassible dans l’effort – a survolé la course du début à la fin, aussi bien techniquement que physiquement. Derrière, les Belge Kay De Bruyckere et Jente Michels prenaient les 2ème et 3ème place.

Vint le tour des élites femmes, où la domination néerlandaise était attendue, mais dont le résultat était incertain et le resta jusqu’au dernier tour. Cette année, la Coupe du Monde a donné lieu à des courses palpitantes, chez les femmes tout particulièrement (comme on sait, chez les hommes l’entrée en lice de Mathieu Van der Poel a quelque peu éteint le suspense.) Sur le papier, elles étaient donc 5 ou 6 à pouvoir l’emporter. La Hongroise Kata Blanka Vas s’opposa courageusement à la suprématie néerlandaise, mais après un tour de circuit le trio de tête était orange intégral. On y retrouvait même le podium de l’an dernier : Fem Van Empel, Lucinda Brand et Puck Pieterse. Les deux premières s’isolèrent bientôt, se livrant un combat formidable, mais qui, sur une erreur de l’aînée, tourna à nouveau en faveur de la cadette. Fem Van Empel empilait donc son 3ème sacre consécutif – et le podium lui-même reproduisait strictement celui de l’an passé.

 

 

Dimanche matin, la brume n’a même pas essayé de voiler un spectacle voué